Brigitte Giraud avant le prix Goncourt

Quelques années avant que Brigitte Giraud reçoive le prix du Goncourt, ce livre  » nous serons des héros » publié chez Stock m’a fait découvrir l’autrice. J’avais acheté ce livre dans une librairie de La Rochelle. Depuis ce coup de coeur, je suis beaucoup plus sensible à l’avis des libraires qui équilibrent l’exposition médiatique des livres, qui sauvent des livres ignorés et sont au coeur du renouvellement de la littérature.

C’est l’histoire d’exil d’une famille participante fuyant la dictature de Salazar racontée du point de vue d’un adolescent Olivio. Ce roman raconte très bien cette phase de questionnement qu’est l’adolescence avec en plus la question c’est quoi de changer de payes, de langue, voir sa mère changer.

« J’ai ouvert la porte du salon et j’ai vu le canapé défait mais sans elle. Je n’ai pas eu peur , j’ai été surpris qu’elle ait osé me laisser. Pendant quelques secondes je me suis sentie abandonnée et puis c’est passé , j’ai compris qu’elle était allée rejoindre Max et que sa vie recommençait , ailleurs et sans moi »

Olivio croise des immigrés algériens et donc ça permet de raconter l’histoire croisée des immigrés portugais et algériens .

Ce livre aborde la question de la guerre d’Algérie.

En 198 pages, Brigitte Giraud livre un livre puissant . Chaque phrase porte une émotions.

Depuis cette lecture, j’attendais le jour où Brigitte Giraud recevra un prix littéraire

Algues vertes : en tirer des leçons politiques

Cette BD  écrite par Inès Léraud et Pierre Van Hove est d’utilité publique. De l’information sur la santé publique. Ce que devrait faire les autorités mais elles ne le font pas pour des intérêts touristiques et agroalimentaires. Si j’étais dirigeante d un think tank de gauche je ferai de ce livre un point de départ de réflexion car il y a des enseignements à tirer sur la politique agricole environnementale les institutions politiques judiciaires. Et cette plaie des lobbies industriels dangereux pour la démocratie et la santé. Gloire à la journaliste Inès Leraud et au médecin Pierre Philippe. Si vous allez en Bretagne attention aux algues vertes!Elles tuent ! Elles dégagent du gaz H2S à un taux qui fait même exploser les appareils de mesure

Ça fait très très peur de voir comment les autorités ont géré les affaires des algues vertes…C est effarant.En juillet 1989 un joggeur est mort sur la plage de Saint Michel en Grève. Le médecin Pierre Philippe qui a examiné le corps a suspecté les algues.En 1999 un ramasseur des algues perd connaissance en coma.Examen .. le médecin se rappelle que c était exactement au même endroit du joggeur. Il envoie un courrier à la Ddass pour prévenir de la toxicité des algues. Ils ont répondu rien jamais En 2008 une femme se promène avec ses deux chiens sur la plage.. et là les deux chiens qui sont allés sur les algues sont morts tous les deux.Et la Ddass se permet de publier dans le journal qu il n y a jamais eu mort d homme Alors que le médecin avait prévenu 10 ans plus tôt Et quand la Ddass après études prévient la préfecture qui ne fait rien.Un vétérinaire se balade avec son cheval au même endroit du joggeur et le ramasseur des algues.Le cheval meurt.Le médecin certain demande une autopsie du cheval. Sauf que pendant le propriétaire était à l’hôpital les autorités ont prévu de le brûler..Heureusement le propriétaire est sorti à temps.Mais c est grave..Des autorités qui brûlent des preuves.. Le médecin reçoit des menaces de la préfecture et de la Ddass Le médecin n ‘a pas cédé. Non mais la Ddass censé s occuper de santé publique laisse courir un danger.Et il y a eu des morts !Heureusement que les journalistes sont là pour faire le boulot à la place des autorités. En Bretagne on fait diffuser l idée que la toxicité des algues est une rumeur !Alors que des médecins scientifiques des études disent que c est toxique. A tel point que les appareils de mesure d’hydrogène sulfurique saturent . Les nitrates venant de l’élevage porcine sont à l’origine. C est Claude Lesné un chercheur CNRS qui le dit Alors Tabou! Pour les intérêts agroalimentaires En 2009 un ramasseur d’algues vertes Thierry Morfoisse est mort En 2016 un autre joggeur est mort.

Algues vertes sera prochainement adapté au cinéma.  J’espère que la sortie du film redynemisera le débat et que ça changera qu’on n’ira plus réprimander celles et ceux qui alertent pour l’intérêt général et qu’il y aura une loi de protection pour les lanceurs d’alerte.

Des premières pages de Lettre à Zohra D.

Lecture du moment

Voir l’Histoire de l’autre côté. De celui d’une civil française victime d’un attentat du FLN en Algérie

Elle y a perdu sa grand-mère et en est sortie mutilée à l’âge de 5 ans.

Je suis partisane d’aucun tabou silence.

Ces moments d observation sont précieux pour une lecture plein de nuances du monde .

Il y en a d autres qui vont me dire et les autres ?Et ceux de l autre coté et bien j écoute je lis de tous les côtés.

Car de tous les côtés reste l’universel humain.

Je sais bien que c est difficile de commenter des événements qu’on n a pas vécu.

Mais je pense qu’à chaque débat pensée ne jamais oublier la base essentielle l’humain.

Et en lisant ces premières pages je me pose la question qui ne changera pas le destin est ce qu’on aurait pu faire autrement en Algérie ?

Mourir pour la seule raison qu’on est au mauvais endroit au mauvais moment Un destin tragique partagé par tant de civils dans le monde

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Les vieux

Quand j’étais en 5 ème j’étais déjà fan de Brel ( fan depuis mes 5 ans).

Ma prof de français m a proposé de faire connaître Brel à mes camarades. De choisir une chanson et de l interpréter devant la classe.

J’ai choisi cette chanson.

J’aimais et j’aime toujours la tendresse dans cette chanson

Ces émouvants vieux et toutes ces phrases perles.

La condition humaine du temps qui passe avec l’horloge du salon qui dit oui et dut non.

Et la cruauté  » pour celui qui reste se retrouve en enfer ».

En fait cette chanson donne de l’élégance et du panache à la fragilité.

A l époque je ne connaissais pas le mot hypersensibilité. Mais je savais que j avais la particularité de ressentir les émotions fortes.

En écoutant cette chanson je me régalais dans les mots et dans la voix de Jacques Brel comme une sorte de répit à mon questionnement sur ma différence.

Et ces beaux vieux que j’avais envie de prendre dans les bras à chaque couplet.

Les vieux, les timides, les désespérés

Jacques Brel rend la fragilité forte belle.

A quel point tout regard dans la vie est enrichissant.

Que chaque regard a des droits d’être vus.

Il a chanté les vieux et les enfants.

Vieux comme enfant si universel.

Et puis sa façon de tout donner sur scène.

Cette passion me parle tant.

Voilà moi en 5 ème je chantais les vieux à mes camarades

Et 20 ans plus tard j ai chanté pour les vieux.

Voir ou ne pas voir J’accuse de Polanski

Pour ce film j accuse je suis vraiment tiraillée par ces deux principes:

– quand quelqu’un fait une bonne chose comme faire un film montrant le désastre de l antisémitisme et bien l accueillir. Quand il est salaud abject le dénoncer. Il y a beaucoup d’artistes salauds. Donc y aller

– Mais y aller n’es ce pas rentrer dans sa machine de déni. Ne fait il pas une sorte du doigt d’honneur. Regardez vous pouvez m’insulter mais je suis puissant avec mon talent. Je me paie même le luxe de me comparer à Dreyfus.

De l écho que j ai entendu les bons points de son film c est qu il est magistral beau et qu il montre la monstruosité de l’antisémitisme et ça c est salutaire. On en a besoin aujourd’hui

Les mauvais points déjà qu’ il appelle son film j accuse alors que le personnage focalisé est Picquart et pas Zola ce qui est une démonstration de l arnaque.

Il efface les dreyfusards et rend invisible le rôle des femmes.

Ça m a l air une mise en scène un peu reac non?

Dans l affaire Dreyfus il y a d’un côté l horreur l’infamie mais aussi de l autre côté l’histoire de l engagement.

Puisqu’on me parle de transmission et de nouvelles générations un film qui efface les dreyfusards et les femmes est quand même problématique dans la transmission.

J ai entendu une professeur d’Histoire sur France culture qui disait qu’ elle ne montrerait pas ce film à ses élèves car trop de fausses idées historiques.

C’est une fiction et non un documentaire historique me dirait d’autres.

Mais c’est quand même un film d’un ancien monde.

Ce n’est plus possible de faire de l Histoire en rendant invisible les femmes.

Oui mais là au moins Polanski est cohérent. Il ne respecte pas les femmes dans la vie. Ce n est pas pour les respecter dans son oeuvre.

Alors séparer l homme de l’artiste? Oui et non.

Décidément difficile pas d’idées simples.

L’humain est tellement complexe.

Quand on est con, on est con

L’autre matin; j’avais envie d’écouter la bonne chanson française avec ses histoires, sa mélancolie, ses verbes claquants et ses rimes malicieuses.

Je me branche sur la récente webradio « Hexagone » consacrée à la chanson française d’hier et d’aujourd’hui.

J’entends chanter Archimède :

« Pardon pour les forets qu’on abat
Pardon l’ampleur des dégâts
Hé du moment qu’y’a des singes au zoo
C’est ce qu’on appelle l’évolution
Pardon ça sera votre héritage
Et surtout bon courage
L’art de devenir toujours plus con
C’est ce qu’on appel l’évolution »

C’est son titre « Toujours plus con » tiré de son dernier album Méhari.

Là je pense à « Jeune et Con  » de Saez tube de mes 20 ans.

Comme ça par génération, une envie de chanter sur les cons, contre les cons.

« Puisque on est jeune et con
Puisque ils sont vieux et fous
Puique les hommes crévent sous les ponts
Et ce monde s’enfout
Puisqu’on est que des pions
Contents d’être à genoux
Puisque je sais qu’un jour nous gagnerons à devenir fous
Devenir fous, devenir fous… »

Puis l’inoubliable autodérision  de Jacques Brel  » Beau beau beau et con à la fois ».

La pétillante Juliette a bien fêté le mot con dans sa rigolote et joyeuse « Chanson con »

Pourtant, je constate, un peu triste,
Qu´à part quelques vieux Toulousains,
Quelques occitans qui persistent
Plus de virgules à la fin!
Et dans ma ville s´est perdu,
Noyé sous les coups de klaxons,
Le petit mot après « boudu »
Même s´il y reste encore des cons
Et un paquet, con!Et ce n´est pas un crime
De ne pas chercher de rimes
Pour faire une chanson
Puisque tout rime en « on »
Promesse de Gascon
Juliette à son balcon
Qu´importe le flacon!
Moi j´veux jouer de l´héli… con!

Chez Renaud c’est les dimanches à la con

J’avoue cependant quand je suis exaspérée par un con, s’il y a une chanson qui me vient à l’esprit c’est celle-ci:

Voilà je me suis bien amusée à écrire un article à la con sur thème fréquent.

Pour lire et écouter Hexagone exclusivement consacré à la chanson française

Infos sur Archimede

Infos sur Saez

Interview de Juliette Noureddine sur France Inter

Philosopher avec Georges Brassens

 

Here’s to you: le génie d’Ennio Morricone et de Joan Baez

« Si cette chose n’était pas arrivée, j’aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J’aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n’aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d’un bon cordonnier et d’un pauvre vendeur de poissons, c’est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtreCette agonie est notre triomphe. »

Ces paroles de Bartolomeo Vanzetti au juge Thayer ont inspiré le mythique hymne écrit à son honneur ainsi qu’à Sacco par Joan Baez et composé par Ennio Morricone en 1971

Cette chanson est du pure génie. Paroles et mélodies simples et fortes qui à chaque fois m’émeuvent. C’est pourtant juste quatre phrases.

Je remarque d’ailleurs que lors des concerts d’Ennio Morricone ou de Joan Baez, à la première note, le public applaudit.

Elle répare à sa façon l’horrible injustice faite à Sacco et Vanzetti. On ne peut pas faire meilleur hommage. Certes ça ne les a pas ramené vivants mais ça les a fait traversé le temps, l’Histoire.

Here’s to you, Nicola and BartRest forever here in our heartsThe last and final moment is yoursThat agony is your triumph.

Cette chanson soulève à la fois la révolte et apaise le coeur.

On a beau l’écouter la millième fois, la même émotion. Certainement son histoire mais tout simplement sa composition.

Elle illustre pour moi le symbole de la force de la culture.

Les mots les notes répondent à la hauteur des crimes des bourreaux.

Comme une célébration avec panache de la volonté de la vie chère à un poète tunisien Abu Quassem Chabbi qui dépasse la bassesse de ceux qui osent concevoir la mise à mort des êtres humains comme une solution de la justice.

J’espère qu’un jour il n’ y aura plus ces veillées de ces américains courageux autour des prisons car ils auront gagné leur combat, ils auront obtenu l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis.

Le cri de Louis Armstrong contre la ségrégation

Il y a 60 ans jour pour jour Louis Armstrong poussait un coup de gueule contre la ségrégation aux États Unis qui allait faire avancer les droits civiques.

9 lycéens noirs n ont pas pu intégrer une école pour blanc à Little Rock en Arkansas.

Louis Armstrong annule donc sa participation à une tournée organisée par le gouvernement américain en URSS.

« J en ai plus qu assez, de la manière dont les noirs sont traités dans le sud »

 » Quand je vois une foule cracher sur une gamine noire, j ai le droit de ne pas être content. »

 » Quand les Russes vont me demander ce qui se passe dans mon propre pays, je vais leur répondre quoi? »

Cette prise de position aurait bouleversé le président Eisenhower qui deux semaines plus tard envoie des troupes fédérales pour assurer la sécurité des élèves afro américains pour qu ils puissent entrer dans leur établissement scolaire.

Ciné-avril: Femmes, humour, résistance

Un cheminot solitaire face à la grosse machine politique corrompue, un vieux monsieur retranché cultivant du cannabis pour laisser un héritage à son fils, trois jeunes filles voulant se débarrasser des carcans socio-religieux de leurs familles, des femmes dans un hammam , les films vus en avril avait tous un air de résistance.

Des films traitant des sujets graves avec de l’humour.

Lire critique glory

Glory se moquant de la bureaucratie corrompue, Je danserai si je veux des carcans emprisonnant les femmes . De même l’intégrisme par «  Je me cache à mon âge pour fumer »

Lire critique A mon âge je me cache encore pour fumer

Comme cela a été pour le film « Toni Erdman » sorti en été. L’humour est la meilleure façon pour faire réfléchir, pour aborder des sujets de fond.

La majorité des films vue ce mois ci ont été réalisés par des femmes : Blandine Lenoir , Rayhana Obermeyer, Kristina Grozeva( co réalisé avec Peter Valchanov ;Rayhana Obermeyer , Maysaloun Hamoud

Lire ma critique sur je danserai si je veux

Deux révélations de compositeurs de film : Bertrand Belin pour Aurore et Anne-Sophie Versnaeyen pour A mon âge je me cache encore pour fumer.

Lire critique Aurore

 

Triste fin pour le centre de la chanson

Le centre de la chanson est contraint de fermer à cause des baisses des aides de la Drac Ile de France, la Sacem et l’arrêt total des aides de l’Adami

28 ans de service pour les artistes en herbe qui rêvent de vivre de leurs passions.

La chanson française c est pourtant un des adn de la culture…la rencontre entre poésies et musiques… des univers . Des libertés…des individus..des paumes ..des rêveurs

Des plumes et des notes  accompagnant une rencontre.. des instants de vie..
Des instants de solitude…de pleurs..
C est un témoignage de cette France littéraire qui chante dans les cabarets,les cafés ,l Olympia

La chanson :un art mineur?
Pourtant le temps de labeur nécessaire pour associer un beau texte et une mélodie.

Évoquer des histoires en 3 minutes. Brosser des portraits de mendiants,d amante,d ouvriers,de bigotes,d anarchistes.. C’est tout un art exigeant.

Se méfier de ce qui a une apparence facile,anodine.

La fermeture du centre de la chanson c est la clôture d une pépinière. Un lieu de solidarité d entraide de découvertes et de passion.